Le tableau, proposition plastique qui se manifeste comme une présence d’objet
« on voit clairement les choses invisibles quand elles sont comprises à l’aide des choses qui sont faites » Ad Reinhart
Mise en oeuvre des constituants pour la production d’un tableau
Une toile tendue sur un chassis est recouverte d’une peinture monochrome de couleur.
Le monochrome occupe et délimite la surface du plan pour ne laisser apparaître que lui-même.
Du fond monochrome se dépose une succession de gestes, d’actions, de coulures, de substances liquides ayant un certain relief (résine servant habituellement à être coulée dans un moule pour produire des choses visibles).
Cette structure liquide et libre par sa substance vient épouser et dessiner des formes palpables s’entrelaçant amoureusement sur le plan monochrome.
Une fois cristallisées, ces différentes formes, pensées et rassemblées librement, sont peintes pour elles-même de couleurs variées et contrastées pour devenir productrices de champ.
Le contour non peint de matière noire ou blanche de chaque forme met en évidence son aspect coloré et sa présence de lieu.
Les formes sont peintes comme n’importe quelle chose visible dans le monde, à la différence qu’elles ne sont identifiables à rien d’autres qu’à elles-même.
De cette mise en ordre de formes colorées apparaît la construction d’une figure inédite, abstraite sur son propre plan.
La structure de cette figure d’essence abstraite concerne essentiellement le regard sur le tableau comme présence d’objet et non d’image.
A travers la mise en œuvre de tous ces constituants venant de rien, le tableau ne renvoie qu’à lui-même et à la présence de son être.
Chaque élément rassemblé est autonome et a sa propre liberté : monochrome, matière, aspect des formes, couleur, dessin, contour, le tout composant une figure abstraite non identifiable venant du rien.
Le tableau se manifeste comme présence d’objet.